Ne vous méprenez pas ! Il n’y a pas de palmiers en Patagonie, juste du VENT ! Impressionnant, il baisse rarement en dessous des 100 km/h et atteint facilement les 140 sans que personne ne s’en étonne. Arrivés à Puerto San Julian nous visitons la réplique du bateau de Magellan. Sa flotte, composée de 5 bateaux, a fait ici une halte de plusieurs mois avant de continuer sa route et découvrir le fameux détroit qui porte son nom. Les enfants vous en disent plus dans leur journal. Pendant deux jours, nous attendons que le vent se calme ..... Une accalmie qui ne viendra jamais, alors nous nous résignons et reprenons notre route. Le vent de côté nous fera faire plusieurs embardées sur la voie de gauche. Par chance, il n’y a pas grand monde sur les routes.
Le 25 octobre, Nous y sommes !! Nous apercevons enfin, de l’autre côté du détroit de Magellan, la Terre de Feu, la destination la plus australe de notre voyage. Nous sommes émus et chacun de nous savoure en silence la demi-heure de traversée sur le ferry avant de poser le pied sur cette île. Il reste 500 kms à parcourir et nous serons à Ushuaïa...
Mais au delà de la ville, son architecture, son histoire, ce qui nous surprend le plus est ... le climat. Dans les cours de sciences d’Hugo, on apprend que les saisons se suivent tout au long de l’année .... ici, c’est plus rapide, on vit les 4 saisons en une seule journée ! Beau temps calme et ensoleillé au réveil, vent et petite pluie au déjeuner, tempête et orage pour le goûter et petite brise pour le diner ..... madame est servie ! Le vent, toujours lui, peut passer d’Est à Ouest puis au Sud en une heure de temps. Pas facile, dans ces conditions, de trouver un bivouac à l’abri. Une nuit a été particulièrement mémorable, on s’inquiète : Va-t-on valser sur le flanc ? Et surtout, alors qu’on est stationné dans le Yacht Club, on a le mal de mer à force de tanguer !
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La Patagonie n’est ni un pays, ni une région administrative. C’est l’extrémité triangulaire de l’Amérique du Sud, que se partage le Chili et l’Argentine (entre le 42ème parallèle et le Cap Horn). Il y a en Patagonie 2 zones géographiques très différentes : - à l’Ouest, côté Chili, la forêt dense pousse jusqu’aux fjords de la côte Pacifique, sur une bande de terre qui dépasse rarement les 100 km de large. Il y pleut souvent ... et nous le vérifierons dans quelques semaines. - à l’Est, côté Argentine, les pluies sont arrêtées par la cordillère des Andes. Une steppe semi-aride prédomine jusqu’à la côte Atlantique. Au Sud, sur la Terre de Feu, on retrouve montagnes et forêts.
La Patagonie
La Patagonie argentine est faite de steppes arides où l’herbe jaunie est peuplée de moutons, de guanacos, de nandous (sorte d’autruche), de chevaux et de quelques flamands roses. Sur la route de rares panneaux indiquent la présence d’estancias. (20 000 hectares soit environ 15 km²). On roule, on roule et les paysages ne changent pas. On ressent très vite l’immensité de ce territoire, mais aussi son isolement. A la fin du 19ème siècle, le gouvernement souhaitant peupler ces terres inoccupées, offrait des terrains de 20 000 hectares et 500 moutons aux immigrants venus d’Europe principalement. Après 8 ans de présence, les terres leur étaient définitivement offertes. On réalise qu’il fallait une très grande motivation (ou alors ne rien avoir à perdre ...) pour quitter son pays, venir s’installer ici, résister à ce climat et s’y établir !
Demain nous arrivons à Ushuaïa. L’excitation est à son comble. Alors, seuls au bord d’un lac, auto-radio à fond, on improvise une bonne boom des familles !!! On se déchaine, on chante, on danse, c’est la fête !!
Avant d’entamer une nouvelle “page” de notre récit, nous avons une très bonne nouvelle à vous communiquer : notre chauffage gaz / ballon d’eau chaude est DEFINITIVEMENT réparé ! On partage depuis des mois nos photos, nos découvertes, nos impressions .... alors on tient aussi à partager nos petits bonheurs quotidiens !!
On découvre cette ville, à deux facettes. D’un côté, son petit air “village de montagne” avec ses chalets en bois et ses pics enneigés, et de l’autre, son ambiance maritime : le port, ses voiliers et la vaste étendue du Canal de Beagle. Son histoire ne nous laisse pas indifférents non plus, un petit tour dans l’ancien bagne devenu musée et nous voilà sur les traces des bagnards et des navigateurs qui ont été les premiers à fouler cette terre inhospitalière.
Ushuaïa, ou "el fin del mundo" comme l'ont surnommée fièrement les Argentins (ceci dit, ils ont oublié d’évoquer Puerto Williams, la ville chilienne, qui lui fait face de l'autre côté du canal de Beagle, encore un peu plus au sud).
Au Parc de la Terre de Feu, on croise des castors, des lapins, des renards et des oiseaux de toute sortes. Les enfants partent en reconnaissance, explorent les environs, font le tour des lagunes, grimpent les buttes, observent les oies sauvages.
On a vraiment ce sentiment d’être au bout du monde. Est-ce dû au “marketing Ushuaïa” ? Est-ce dû au climat si particulier ? Ou tout simplement parce que nous avons atteint notre point le plus austral ? Nous prenons le temps de vivre pleinement ce sentiment d’isolement, d’éloignement et nous partons vers d’autres lieux inhabités.
Sur la première moitié de l’île, on a une impression de “déjà vu” : de la steppe desséchée et des moutons. Par contre, à une centaine de kilomètres d'Ushuaïa, nous approchons de la fin de la cordillère. Les steppes disparaissent et laissent place aux forêts, lacs et sommets enneigés.
En 1887, Thomas Bridges, fils d’un pasteur anglais venu évangéliser les indiens Yahgans, s’installe ici avec femme et enfants, face au canal de Beagle comme éleveur de mouton. Proche des indiens, il rédige même un dictionnaire yahgan/anglais .... malheureusement alors que l’ouvrage est à peine terminé les indiens ont disparu, décimés par les colons ou par les maladies.
Ici, les arbres sont couverts de lichen, preuve que l’air est d’une qualité optimale et d’une pureté maximale. Inspirer ..... expirer ..... inspirer ...
Une habitation, telle que les indiens les fabriquaient. Nomades, ils s’installaient dans cet abri de fortune et le laissez en place lorsqu’ils partaient vers d’autres lieux. Aussi incroyable que cela puisse paraître, au début du 20ème siècle, ces indiens vivaient encore à l’âge de pierre : ils n’utilisaient ni métaux, ni terre cuite, juste les pierres, le bois et les fibres des plantes pour tisser. Ils subsistaient grâce à la pêche et la chasse. Vivant pratiquement nus, ils s’enduisaient le corps d’huile de phoque pour braver le froid. C’est grâce aux feux allumés par ces indiens et vus par les premiers navigateurs que la Terre de feux doit son nom.
Quelques jours plus tard, nous allons à l’Estancia Haberton. C'est l'estancia la plus ancienne de l'île, elle n'est plus en activité mais le temps de la visite on plonge quelques années en arrière, lorsque la route n’existait pas et qu’il fallait 15 jours à dos de cheval pour rejoindre Ushuaïa.
Autre lieu et toujours ce même sentiment ... Ici, échoué sur la plage, un paquebot témoigne de la violence du Cap Horn tout proche. On vit pendant quelques jours comme des “Robinson” face à cette épave. Les enfants collectionnent les coquillages et partent sur la plage à la recherche d’os de baleine.
Seul, sur cette plage, Antonio vient pendant 6 mois de l’année pour pêcher. Comme les indiens Yahgans, il s’enduit les mains d’huile de phoque avant d’aller récupérer ses prises dans les eaux glaciales de l’océan. Face au seau rempli de cette huile, on a tous prétendu ne pas avoir froid aux mains parce que, vraiment, l’odeur est persistente.!
Quelques os de baleine collectionnés par Antonio. On se réjouit que les enfants n’en aient pas trouvé car nous aurions dû les mettre sous notre matelas pour les ramener en France.
Prise de vue sur le Canal de Beagle. La première, prise le matin, au printemps La seconde, prise une heure après, en hiver !!
En arrivant sur la plage du paquebot, nous croisons un 4x4. On discute avec Claudio et Sonia, on partage un maté, la boisson très populaire en Argentine qui ressemble à du thé un peu plus amer. Ils nous proposent de passer les voir lorsque nous passerons à Rio Grande. Nous les appelons quelques jours plus tard et ils nous invitent à partager un asado (viande cuite au bbq).
Et là, le mythe de l’argentin mangeur de viande prend toute sa forme, nous nous régalons avec ce qui nous parait être 5 kilos de viande chacun !
Ushuaïa, “el fin del mundo” ?? Non, certainement pas !! L’Antarctique nous tend les bras, les agences de voyages nous narguent avec leurs images de faune marine et de désert blanc, on en oublierait presque le froid et les eaux agitées tant l’envie nous prend d’aller un peu plus au sud. Malheureusement notre date de retour est fixée (aïe, aïe, aïe !) et il faut bien penser à remonter. Alors, comme à chaque fois que nous quittons un lieu que nous apprécions, nous nous remontons le moral en nous disant : “tant mieux, puisqu’on n’a pas tout vu, ça nous donnera l’occasion de revenir” !!
Quelques spécificités argentines : Tout d’abord l’essence. La patagonie argentine est la seule région que nous connaissons qui applique une surtaxe sur l’essence pour les étrangers. Le diesel coûte 2 pesos aux argentins et 3 pesos aux étrangers. Enervant, non !? Le jeu est, bien sûr, de ne jamais payer le prix “touriste” en argumentant que notre plaque minéralogique a beau être française, notre coeur, lui, est Argentin... et ça marche 9 fois sur 10 ! La politique : Les argentins sont unanimement désabusés. Ils ne voient dans la politique que pouvoir et corruption. “De toute façon en Argentine, tout s’achète” nous disent-ils. Ajoutez à cela la mafia omniprésente et vous aurez fait le tour des sujets à éviter. L’entraide : Celui qui s’arrête sur le bord de la route pour changer un pneu crevé n’est jamais seul. Les voitures sont rares en ce bas monde mais les 4/5ème d’entre elles s’arrêteront pour proposer leur aide. On en a beaucoup bénéficié alors dès qu’une voiture est à l’arrêt, on l’interroge : “Todo bien ?” .... et gare à celui qui pensait faire un petit pipi tranquille !!!
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