Garés sur la place centrale, nous sommes au coeur de la vie du village et comme d’habitude notre camping-car devient vite une attraction et notre ballon de foot un moyen de rencontre.
Les “indigènes”, comme on les appelle ici, parlent Quéchua, portent un poncho et un chapeau de feutre, et les femmes ont toujours ce grand foulard qu’elles utilisent comme “porte-bébé”, châle, ou panier.
Enfin, nous arrivons à la lagune de Quilotoa. Nichée dans un ancien cratère, c’est sans doute la plus belle que nous ayons vu jusqu’ici... Mais nous ne la verrons que 10 minutes... car le brouillard tombe (on ne vous parle pas de la pluie !! nous sommes toujours en saison humide, dur, dur !) Patients, (et bien au chaud dans Kifons’) on se dit qu’on va attendre le lendemain et profiter de ce temps mort pour avancer dans l’école. Motivés, on ouvre les cahiers d’histoire, dépités, on se rend vite compte qu’à cette altitude, le cerveau des enfants est engourdi... difficile de retenir quoi que ce soit.
Têtes de Lamas...
Têtes de cochons...
Ne sachant pas laquelle des deux têtes est dans la marmite, on hésite à se joindre à eux...
Nous sommes samedi, 6 heures du matin, 5 °C, la place du village s’anime. Les gens des environs descendent des montagnes pour amener leurs bêtes, leurs fruits ou divers produits sur le marché. Les cochons, les moutons, les poules descendent des bus où tous s'entassent dans une atmosphère bon enfant. Ca couine, ça bèle, ça caquette ! Le jus de riz boue dans les marmites et chacun discute les deux mains posés sur le verre brulant pour se réchauffer.
Ici, la pauvreté se fait plus présente avec le froid. Dans les maisons sans chauffage, les membres de la famille dorment les uns contre les autres dans une pièce au plafond bas pour éviter toute déperdition de chaleur. Parfois, ils ont une autre pièce aux murs noirs de suie qui leur sert de cuisine.
Après les Galapagos, nous partons vers les hauts plateaux d’Equateur pour aller voir la Lagune de Quilotoa. La route est magnifique mais étrangement, on a l’impression de monter, monter, monter... On allume le GPS et on se rend compte qu’on est à 4000 mètres au dessus du niveau de la mer ! Pas étonnant qu’on se sente “bizarre”. On est monté un peu trop vite ... bouche sèche, mal de crâne, essouflement au moindre effort .... On continue vers un village un peu plus bas (200 mètres de moins, c’est important pour notre moral) pour passer notre première nuit et s’acclimater à l’altitude.
L’après midi, nous prenons en stop Louis qui est professeur. Il nous invite chez lui. Sa maison est perchée dans la montagne, on gare Kifons’ et on grimpe .... ou plutôt on souffle, souffle, souffle pour arriver à le suivre !
Grâce aux enfants, nous faisons la connaissance du coordinateur du collège. Nous l’invitons à manger dans Kifons’ et nous passons une soirée passionnante à parler des coutumes locales et de la vie des gens d’ici. Il nous propose de nous faire visiter le collège le lendemain. Les bâtiments qui accueillent 250 élèves sont vétustes. Ce collège qui est gratuit n’ouvre que le week-end, car en semaine, les enfants travaillent dans les champs ou dans les fabriques de Quito pour 30 $/semaine. Les professeurs sont tous volontaires et bénévoles, ils viennent un week-end sur deux pour enseigner. On déjeune à la cantine. Le menu est copieux car c’est aussi l’occasion de bien nourrir ces enfants pendant ces deux jours. Les élèves qui nous entourent ont entre 11 et 20 ans, certaines jeune filles portent leur bébé dans le dos.
Plus tard, un passant nous propose de venir visiter la menuiserie dans laquelle il travaille. Nous y allons en pensant y trouver un simple atelier, et c’est une superbe entreprise de 16 personnes que nous découvrons. Les articles vendus sont de qualité et très design. Il s’agit en fait d’une association caritative italienne qui, par le biais de travail manuel, forme des jeunes équatoriens à un futur métier.
Au réveil, le brouillard persiste alors on se désiste et on repart. On redescend vers le village de Zumbahua. On a décidé d’y rester trois jours pour assister au grand marché du samedi. On sait que dans les endroits reculés, on doit rester minimum trois jours au même endroit pour se faire adopter. Le premier jour, nous sommes une curiosité, le second, on discute dans la rue (en kechua bien sûr) et le troisième jour, on fait un peu partie de la vie du village.
Cette association Don Bosco détient plusieurs écoles à travers l’Amérique du Sud. Les élèves, souvent orphelins, sont pensionnaires pendant 6 ans avant de pouvoir voler de leur propres ailes.
Après 4 jours en altitude, nous nous sentons enfin d’attaque pour grimper comme des cabris (pardon comme des lamas). Le souffle est encore un peu court mais nous arrivons à bout de ce sommet.
Fruits, légumes, panchos, mouton, on trouve de tout sur ce marché...
Samedi, jour de marché
On adore ces scènes de marché, déambuler parmi eux, les entendre discuter, négocier, rire. On a l’impression d’être au coeur d’une autre vie.
[./equateur_enfant_2pag.html]
[./carnet_de_routepag.html]
40% de la surface de l’Equateur se trouve en Amazonie mais cela ne représente que 2% de l’ensemble de l’Amazonie. En Equateur, toutes les terres de la forêt amazonienne sont réparties entre les différentes communautés indigènes. Arrivés à Coca (rien à voir avec la plante on vous rassure !) nous descendons le Rio Napo pendant 2h30 dans une chaloupe à moteur. Sur les rives on aperçoit quelques habitations isolées. Toutes sont sur pilotis car la hauteur du Rio Napo peut varier de 8 mètres selon les pluies. Plus surprenant, on aperçoit aussi ...... des puits de pétrole ! Les sous-sols d’Amazonie regorge de cet or noir. Les propositions alléchantes des compagnies pétrolières divisent souvent les communautés indiennes. Il est difficile pour eux de ne pas céder à la tentation du court terme. Les indiens vendent donc leur territoire pour laisser libre cours à leur exploitation. Résultat : la forêt est saccagée et la faune fuit plus loin. La seule alternative : le tourisme, mais nous en reparlerons plus tard.
Nous quittons le Rio Napo pour nous enfoncer dans la forêt. Nous embarquons pour 2 heures supplémentaires dans des pirogues à rames. Plus que le bruit de la jungle...délicieux. On garde les yeux grands ouverts. Après les Galapagos, on s’attend à voir un perroquet se poser sur nos épaules ou un crocodile s’approcher pour nous faire un clin d’oeil ... mais rien de tout cela... nous comprenons petit à petit que nous entrons dans un territoire vraiment sauvage où chaque espèce craint l’arrivée d’un prédateur. Et vu le bruit permanent qui accompagne nos trois chers enfants, on réalise très vite que nous allons avoir du mal à observer les animaux !
Enfin, notre “lodge” apparaît, en pleine jungle, niché en bordure d’un petit lac. Ce lodge a pour particularité d’être géré à 100% par une communauté indienne. Cette communauté (environ 40 familles), n’a pas voulu céder aux sirènes des compagnies pétrolières et s’est tournée vers le tourisme. Il y a 8 ans, avec l’aide d’une association américaine, ils ont construit ce lodge, ont recruté des guides biologistes, ont formé les natifs à l’accueil et depuis maintenant 1 an, ils sont complètement autonomes. Beau pari d’une communauté respectueuse de son environnement. La curiosité nous a piqué, on a voulu voir ça.
Hormis les animaux, ces 5 jours nous ont surtout permis de découvrir les secrets de cette forêt. Nous sommes bluffés par les récits de Domingo qui nous explique comment les communautés indigènes vivent en total autonomie en plein coeur de l’Amazonie.
Il nous montre des tas de choses : - des plantes dont ils extraient des fibres pour fabriquer des filets de pêche ou des sacs, - un l’arbre dont la sève rouge est un parfait antiseptique. - un arbre dont les feuilles séchées sont tellement abrasives qu’ils les utilisent pour poncer bois et céramique. Et un tas d’autre exemple. Ces indiens ont toujours trouvé TOUT ce dont ils avaient besoin en plein coeur de la forêt , et ça c’est bluffant !
Tôt le matin, nous marchons sur les sentiers de la jungle maintenus en état par la communauté. Les bandes de singes parcourent la forêt à la recherche de leur petit déjeuner. Aucun obstacle ne les arrête. Ils sautent de branche en branche, d’arbre en arbre et nous donnent des frissons.
On apprend que les perroquets sont de gros gourmands. Ils mangent des graines beaucoup trop riches pour leur estomac. Du coup, tous les jours, ils viennent chercher leur dose d’argile sur ces parois pour faciliter leur digestion. On les observe à la longue vue dans un bruit assourdissant de piaillements.
Les enfants, quant à eux, fabriquent des arcs, des déguisements divers, sous les conseils de Domingo : - une fleur de ....... pour faire un bec d’aigle, - un feuille de ....... pour un bandeau sur la tête, - une branche de ....... pour fabriquer un drapeau (Une fois de plus, nous avons oublié les noms !!) Jamais nous n’aurons autant joué aux apprentis Robinson. Nous voilà (presque) prêts à affronter la jungle.
Un aigle avale un serpent sous nos yeux. Un de moins sur lequel on marchera...
Toucans et perroquets se posent à bonne distance sur les cimes des arbres.
Le lendemain, on s’enfonce un peu plus loin (et un peu plus haut) dans les montagnes. Sur notre route, on croise des bergers, des hommes qui travaillent la terre, des femmes qui trient les pommes de terre. On aperçoit, au milieu des champs, leurs maisons faites de toit de chaume et de murs d’adobe (terre séchée).
Nous passons un moment dans les classes. Jonathan leur demande de réciter un Notre Père en Espagnol et de le chanter en Kéchua. Ensuite, c’est à notre tour de le réciter en Français devant des enfants amusés par la sonorité de notre langue.
Première promenade à 4000 mètres
D’autres visages qui nous font craquer. Les enfants, dès leur plus jeune age, participent aux travaux familiaux : garder les plus jeunes, surveiller les bêtes dans les champs... on est loin des game boy et de la télévision.
Le 5 mai, petite virée de 5 jours en Amazonie
Souvent, les enfants détalent à notre vue : le tourisme est très peu développé dans cette région, les blancs sont rares. (quant aux blondes !). Pour faciliter nos rencontres, on essaie de retenir quelques mots en Kechua, heureusement beaucoup d’entre eux parlent aussi espagnol.
Sa femme garde les lamas dans la montagne. Rapidement, Louis attise un feu de bois pour nous faire cuire des pomme de terre. Il est 4 heure et on se voit mal avaler ça ... mais finalement ça servira de gouter ! Nous ne comprendrons que quelques jours plus tard que la tradition veut qu’on reçoive les visiteurs avec une assiette de pomme de terre.
Sur le chemin du retour, une famille nous attend avec une assiette de pommes de terre et de fèves. “Je vous ai vu monter et je me suis dit que vous auriez sans doute faim”. Ces gens, qui vivent dans la plus grande simplicité, partagent avec bon coeur leur repas avec nous.
On quitte ces montagnes pour revenir sur Quito, car nous avons programmé un petit séjour en Amazonie. Ces quelques jours passés près de Quilotoa seront, sans conteste, notre point fort en Equateur. Sortir des sentiers battus, pousser un peu plus loin, s’immerger dans des villages “indigènes”, voilà ce qui nous “bottent” un maximum.
Paul, notre guide, nous donne les noms de chaque espèce .... mais honte à nous, on a les yeux tellement grands ouverts que nos oreilles sont indisponibles. Nous ne sommes pas multifonctions .... désolé !
Alex lit pendant que Chloé cherche les caïmans ..
[Web Creator] [LMSOFT]