La frontière du Honduras est connue pour être la pire de toutes. Les “tramidores” avec badges “officiels” ne nous lachent pas. Ils sont là pour nous aider à traverser la frontière qu’ils connaissent par coeur en échange de 1 ou 2 dollars. Mais souvent, de mèche avec un vrai officiel corrompu, ils en profitent pour nous taxer un maximum. Une fois de plus, nous agirons donc seuls ... comme des grands. C’est un vrai foutoir organisé, un bureau à droite près des légumes, le suivant tout au bout à gauche près des cireurs ....Les enfants sont spécialement patients et au bout de 2 heures nous voilà en possession de notre permis de circuler.
Nous sommes côté pacifique, et on décide de traverser le Honduras sans s’y arrêter, direction le Nicaragua. Sans s’y arrêter ou presque ..... Coup de sifflet ..... La police locale nous arrête ! Kifons vient d’être pris à plus de 97 km/h alors que la vitesse autorisée est de 80 km/h. On se regarde et on se dit : et M....... !!! Le permis de conduire d’Alex en main, les deux policiers nous expliquent la marche à suivre pour le paiement de l’amende : quelques jours d’attente au tribunal et une amende de 70 $. L’ambiance est détendue et souriante de chaque côté. Les enfants se montrent à la fenêtre en riant. On connait la musique. On sait que la prochaine étape sera de nous dire qu’il y a bien sûr un moyen plus simple de passer à travers tous ces inconvénients... que les temps sont durs en ce moment... qu’on peut s’arranger .... Un grand silence s’installe... On attend l’ouverture... sans la proposer. A notre grande surprise, les policiers nous rendent nos papiers en disant “Ne recommençez pas. C’est dangereux”. Virginie ravie, est persuadée que son “plus beau sourrire” a encore frappé ! On fait la morale à Kifons’ qui promet de ne pas recommencer. Et c’est reparti : A nous la frontière du Nicaragua.
Enfin, 6 ans !!! Ballons de bodruches, gâteau, bougies, c’est comme à la maison ! Hugo ouvre ses cadeaux les yeux pétillants de plaisir.
Mais quelques kilomètre plus loin... deuxième arrêt forcé. Kifons jure tous les dieux qu’il n’y est pour rien ! C’est juste un contrôle de papier et le policier nous demande pourquoi nous sommes ici. La réponse de Virginie le laisse dubitatif... “Vous visiter notre pays ? Attendez j’appelle mon chef.” Il va falloir inventer une autre bonne raison pour les prochains contrôles de police !
Honduras (le 20 fevrier)
Nicaragua
Le 20 fevrier, Notre première destination est Estelli, petite ville dans les montagnes, à une heure de la frontière. Nous nous arrêtons dans un parc récréatif (on les aime) pas trop loin de là. Notre 1er contact avec les nicaraguayens est notre “vigilante”, chargé de la surveillance. Il nous accueille avec son fusil en bandouillère (ce qui ne nous choque même plus) C’est un bonhomme très sympa. Nous plongeons tout de suite dans l’histoire de son pays : la guerre civile qui n’est terminée que depuis 15 ans. Bien sûr, il y a participé, et nous montre très fièrement ses blessures de guerre. Il se battait du côté des sandinistes et a bénéficié d’un entrainement de deux ans à Cuba... Un bref rappel des faits s’impose (ça devient compliqué ce journal...). Alors que nous sommes en pleine guerre froide, les Etats Unis et l’URSS se battent par pays interposés pour faire triompher leur idéologie. Le Nicaragua (comme d’autres pays d’Amérique Centrale) est une cible idéale. Un dictateur est aux commandes depuis 40 ans. Un tiers des terres lui appartiennent à lui ou à sa famille. Les paysans vivent dans une pauvreté extrême. Sandino est l’un d’eux et il commence à faire parler de lui dans les rangs des contestataires. Le dictateur Somoza lui propose une entrevue pour discuter.... Sandino se fait assasiner par les hommes du dictateur à la fin de cette entrevue. Sandino devient alors le symbole de la lutte et voilà comment est né le mouvement Sandiniste. Plusieurs années après, la dictature est renversée par les sandinistes dont l’idéologie se rapproche de l’URSS et de Cuba. Les anciens du régime dictatorial créent alors “les contras” (avec l’aide financière des USA) pour écraser cette révolution populaire. Au total, le Nicaragua a vécu plus de 15 ans de guerre civile. Une fois de plus on mesure à quel point ces pays d’Amérique Centrale ont servi de terrains de jeux (de guerre) entre les deux grandes puissances de l’époque. En 1992, l’accord de paix met fin à cette guerre civile, il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, uniquement des victimes. Le pays est dans la misère la plus totale. Toute personne de plus de 20 ans a des souvenirs de guerre. Notre vigilente qui a 37 ans, a donc vécu toute sa jeunesse dans la lutte armée. D’autant que la ville d’Estelli, entourée de montagnes, a été un haut lieu de batailles Sandiniste/Contras. Aujourd’hui, il veut tourner la page, il n’a aucune rancoeur contre les américains. Voir des touristes venus de l’étranger le ravi. C’est un signe concret que les choses évoluent. Les enfants et nous avons été choyés pendant trois jours.
Petit problème mécanique avec notre marche-pied. Alex répare, les enfants passent les outils, Virginie encourage son équipe et prend des photos. Bref tout le monde est très occupé ! Rassurez-vous ..... tout est réparé !
Le Salvador (du 11 au 20 février)
Le Parc National “Los volcanos”, qui comme son nom l’indique est en hauteur. Enfin un peu de fraîcheur. Seul Alex ira au sommet du volcan. Alex seul .... ou presque ..... puisqu’un guide et 2 hommes armés l’accompagnent. Protection des touristes oblige, on aura dans chaque parc national notre “garde du corps” personnel.
Nous avons rencontré Sal et Jesus au bord d’un lac. Ils nous ont proposé d’aller pêcher avec eux.... et nous ne les avons pas quittés pendant 4 jours.
Petit virée dans le Parc Montecristo.
Pont suspendu et arbre magique qui réalise tous nos voeux (encore mieux qu’une étoile filante)
Notre superbe 4 roues motrices que nous avons louée pour l’occasion et “quigrimpepartout” a succombé aux chemins “quigrimpepartout” du parc. Le radiateur chauffe et nous force à faire quelques arrêts. Ceci dit, aucune inquiétude pour nous, Kifons’ nous attend bien sagement au bord du lac.
Deux fois plus petit que la Suisse, le Salvador a la densité de population la plus élevée d’Amérique Centrale. Son taux de natalité a de quoi faire pâlir d’envie nos pays développés avec 4 enfants par femme en moyenne. Ce pays a connu une guerre civile de 1980 à 1992. Aujourd’hui il se relève tout doucement mais les réformes engagées tardent à produire leurs effets.
Nous sommes invités un dimanche midi chez Nicolas, le père de Sal, qui vit dans les montagnes. Père de douze enfants, il a une petite exploitation agricole et un troupeau de vaches. Sa maison est perdue dans les montagnes : nous arrivons chez lui après 2 heures de piste avec Kifons’ et 45 minutes de marche sur un sentier.
Un peu de détente avec nos nouveaux copains... Nos copains ?.....ou ceux des enfants ?
Une journée chez les parents de Sal.
Petite séance de cuisine, les tortillas n’ont plus de secret pour nous !
19 février .... le jour qu’Hugo décompte depuis ...... plus d’un mois.
On fait la connaissance du “Vigilante” qui est responsable du gardiennage et de l’entretien du parc récréatif dans lequel nous dormons. Tous les soirs nous partageons notre repas avec lui et ses 2 ou 3 enfants. Mais bizarement, les têtes changent chaque soir. Nous comprenons vite qu’il a 14 enfants qui viennent dormir à tour de rôle dans les hamacs du parc.
De discussion en discussion, nous entrons dans la vie de nos deux amis. Ils ont tous les deux émigré clandestinement aux USA avant leur 18 ans. Pour comprendre le Salvador, il faut savoir qu’un tiers des salvadoriens vit aux USA (légalement ou pas). Ces expatriés aident financièrement leur famille restée “au pays”. Selon les chiffres officiels, ces aides représentent près de 15 % du PNB du Salvador. Sal a travaillé aux USA 12 années. Il est revenu au Salvador pour obtenir un “vrai” visa de travail américain, mais l’attente est longue. Quand on lui demande pourquoi il ne travaille pas au Salvador, il nous répond qu’il n’arrivera plus à travailler pour 6 dollars la journée (salaire de base au Salvador) alors qu’il gagne 25 dollars de l’heure aux USA. Sal adore son pays, son rêve : travailler à Boston, faire de l’argent et finir sa vie au Salvador. Jesus, lui, vit aux USA depuis 10 ans. Il est régularisé depuis 3 ans. II est ici, en vacances pour 4 semaines, ensuite retour à Boston. Quand on lui demande s’il trouve son pays changé en 10 ans, sa réponse est très claire : “ Oui, il a changé mais je n’aurai jamais dû revenir, aux USA j’ai tout ce que je veux, ici il n’y a rien et je ne connais plus personne.... j’ai décidé de rentrer à Boston plus tot que prévu et à mon avis je ne reviendrai plus.” Pas facile d’entendre leur histoire, la traversée clandestine, l’arrivée aux USA, les galères vécues ; mais les salvadoriens sont des travailleurs et ceux que l’on a rencontrés s’en sont bien sortis. Difficile pour nous, venant d’un pays “riche”, de vivre l’autre côté de la barrière. On comprend bien leur envie d’une vie plus facile (d’après eux) et d’un autre côté on ressent le déracinement, la perte du pays d’origine, l’éclatement des familles ....
Sol en terre battue, murs en torchis, nous entrons dans une maison où cochons, chiens et poules se mêlent aux invités devant les yeux amusés des enfants
Pendant que les femmes cuisinent , les enfants jouent .... avec LE jeu de la maison : une toupie
Corvée d’eau à dos de boeuf.
En l’absence de notre chien, Chloé tente d’apprivoisier un petit cochon.
Un fond de tonneau, deux roues, du bois et le tour est joué. Le carosse de mademoiselle est avancé.
L’ile d’Ometepe. Le lac Nicaragua est immense avec ses 8000 km2 , on dirait une mer, d'autant plus qu'il est très agité. Il y a beaucoup de vent et de vagues. C'est dans ce lac que se trouve l'île d'Ometepe. Elle est en fait formée par deux volcans qui sortent du lac. Le plus grand des deux volcans, baptisé Conception, est encore actif, il fume en continu. Il est célèbre car c'est un cône parfait. Sa dernière éruption date d'il y a 51 ans alors qu'elles ont lieu tous les 45 ans habituellement… On croise les doigts pour qu’il attende 2 jours supplémentaires ! Nous nous rendons sur l'île avec nos amis français, les enfants sont à la fête !!! Nous ratons malheureusement le premier ferry, qui nous passe véritablement " sous le nez "….l'heure c'est l'heure, nous ne connaissions pas ce côté ponctuel des Nicaraguayens !!!
A Granada, nous retrouvons une fois de plus, avec beaucoup de plaisir, nos amis français. Avec eux c'est comme des vacances pendant les vacances : les enfants jouent et échangent leurs expériences (et leurs livres ) et les parents se font des petits restos, des soirées " entre grands ", c'est vraiment agréable. Ensemble nous passons de bons moments aux aires de jeux du lac et visitons “las isletas ", des toutes petites iles d'origine volcanique du lac Nicaragua. Ces minuscules iles sont habitées par de pauvres familles de pêcheurs ou….de très riches étrangers qui les achètent à prix d'or et y font installer électricité et piscines…
Ici, les villes, les villages, les routes grouillent d'animation. On vend, on achète, on transporte, on transfère d'une charrette à l'autre des fruits, des légumes, des poules, des portes en bois, des tables, etc… Beaucoup utilisent les chevaux ou les boeufs comme moyen de locomotion. Kifons’, lui, est très fier de ses 140 chevaux !! On voit aussi de nombreux ateliers de fabriques de cigares. Certains sont des cigares " cubains ". Les feuilles viennent de Cuba et sont transformées ici, parce que les conditions climatiques de stockages sont parait-il optimales.
Décrit par les espagnols comme " les portes de l'enfer ", le volcan Masaya est très facile d'accès. On accéde au cratère en voiture. Il fume en continue et peut exploser à tout moment. La fumée qui en émane sent le souffre et il est conseillé de n'y rester que 15 mns. C'est véritablement impressionnant de se retrouver au bord de ce cratère si vivant.
Granada est une très jolie ville coloniale toute en couleur. On retrouve un petit air d’Antigua. Le soir, devant les maisons les gens prennent le frais en se balançant dans de grands fauteuils à bascule. Les rues et parcs sont bordés de grands manguiers que les gens bombardent de pierres pour en faire tomber les délicieux fruits. La ville est au bord du lac Nicaragua.
Nous avons " loué " un minibus avec chauffeur pour la journée. Il nous promène très gentiment d'un point à l'autre de l'île. Nous nous baignons dans une piscine naturelle alimentée par une rivière, nous visitons une très vieille église, marchons dans la forêt où vivent les singes hurleurs, nous profitons de jolies plages. Tout cela est très agréable. Enfin, le clou de la journée pour les enfants, nous dormons A L'HOTEL !!!
Le lendemain, c'est repos, plage et retour très " tipico-sportif " à bord d'une lancha !! Il faut l'avoir fait une fois dans sa vie, mais une fois ça suffit !!! Le bateau craque dans les vagues, il n'y a pas de vitre aux fenêtres et les vagues nous éclaboussent. Il faut bien tenir les enfants, les normes de sécurité ne sont pas trop draconiennes ici. On s'est fait bien secouer et certains d'entre nous ressortent tout blancs et passablement barbouillés !!!
Le Volcan Masaya
Après une bonne balade, les enfants redoublent d’énergie pour le sport familial : grimper sur les épaules d’Alex.
Granada, comme toutes les villes du Nicaragua possède un extraordinaire marché où les stands sont si serrés qu'on se faufile avec peine dans les allées. On y vend de très beaux fruits, mais aussi des hamacs, de la viande, des épices, des poteries, de la ficelle,… Les femmes cuisinent entre deux étals et de grandes feuilles de bananiers servent d'assiettes, tout cela sent très bon mais on hésite à y goûter… Quel dépaysement tous ces pays. Notre Europe semble bien propre et aseptisée à côté de ces marchés bruyants, grouillants et colorés. Les gens sont gais et spontanés. Il y a aussi pas mal de gens qui viennent quémander de l'argent ou à manger, il ne faut pas oublier que le Nicaragua est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique centrale. Paradoxalement, il y a des cafés internet dans chaque village...On a du mal à situer le vrai niveau de développement de ce pays.
Playa del sur Deux jours de repos (encore !!) à Playa del Sur petit village au bord du pacifique. Les vagues sont parfaites pour le surf et les enfants en profite pleinement.
Nous passons une journée super sympa. Tout est découverte, et la gentillesse de la famille de Sal est sans égale.
Le 29 février nous quittons le Nicaragua pour le Costa Rica. Là-bas, nous allons commencer nos recherches pour trouver LE bateau qui transportera Kifons’ vers l’Equateur. Par contre nous sommes très conscients d’avoir pris beaucoup de retard sur notre planning ..... on a beaucoup réflêchi (si, si !!) et on a trouvé une seule solution pour profiter au maximum des prochains pays : nous donner plus de temps ! Alors voilà, on vous le dit, on décale de quelques mois notre retour. Pour Noêl 2008 nous serons rentrés.
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